Le mois dernier, le prix du Brent a augmenté de 23%. L'Arabie Saoudite continue de réduire ou de maintenir sa production de pétrole à des niveaux bas. Ce faisant, le royaume saoudien exerce un contrôle énorme sur les prix mondiaux du pétrole. Cette flambée des prix aggrave les tensions avec les États-Unis.
Joe Biden, soucieux de contrôler l'inflation et les prix à la pompe avant les prochaines élections présidentielles, se trouve dans une situation difficile, d'autant plus que les réserves stratégiques américaines sont au plus bas depuis 1983.
La Russie profite également de ces prix élevés, ce qui lui permet de financer entre autre sa guerre en Ukraine. Ce développement ajoute une autre couche de complexité aux tensions géopolitiques existantes.
En réduisant sa production de pétrole, l'Arabie Saoudite tire le cours du pétrole vers le haut dans un contexte où la demande reste forte malgré les diverses perturbations macroéconomiques observées. Toutefois, l'actif arrive en zone de surachat, et une correction (courte ou marquée) pourrait être à surveiller ces prochaines semaines.
Vous n'êtes pas sans savoir que la France est le pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés du monde (ou presque).
L'exemple de la France est particulièrement illustratif de la manière dont les politiques pétrolières mondiales peuvent avoir un impact local dévastateur.
Selon une décomposition des prix des carburants au 1er septembre 2023 fournie par la DGEC, sur un litre de SP95 à 1,96€, près de 60% (1,17€) sont des taxes.
Voici la répartition des taxes sur le prix d’un litre de SP95 :
Sans ces taxes, le litre de SP95 et de Gazole serait d'environ 1€, rendant la vie sûrement beaucoup plus abordable pour les Français dans un contexte où l’inflation fait réduire de manière alarmante les dépenses d’alimentation des Français. Les Français sont contraints de faire des choix draconiens pour supporter l'inflation.
En bourse, en revanche, cette remontée des prix du pétrole donne probablement le sourire aux investisseurs. Depuis le début du trimestre, le secteur OIH (des services pétroliers) a bondi de plus de 22%. Nous pouvons citer Schlumberger, qui vient de franchir un nouveau record annuel récemment, ou encore TechnipFMC.
Au sein de notre Marketletter du 7 Aout dernier nous évoquions le rebond du secteur pétrolier et nous avons proposé Hallador Energy en guise de suivi sur le secteur, à la suite de cette recommandation le titre culminait à +29%.
Malgré le ralentissement économique en vue, le secteur pétrolier résiste encore et demeure un secteur de choix sur les marchés boursiers. Nous surveillerons attentivement l’évolution du secteur au cours de ce quatrième trimestre.
La flambée des prix du pétrole n'est pas un phénomène isolé ; elle a des ramifications sérieuses pour la stabilité géopolitique mondiale et l'économie des nations. Alimentée par une chute drastique des stocks mondiaux de brut et une consommation à un niveau record, la demande pourrait encore s'accélérer, notamment en raison de l'augmentation massive du trafic aérien en Chine.
Cette dynamique est exacerbée par divers facteurs imprévus, comme les pannes aux États-Unis, les grèves en France, et les importantes opérations de maintenance au Moyen-Orient et en Inde. Le déficit en brut s'accélère à un rythme alarmant, mettant en lumière un changement de comportement stratégique de la part de la Chine, qui passe d'un modèle de stockage à un modèle de déstockage.
En France, les effets sont déjà ressentis avec une inflation exacerbée par des taxes sur les carburants.
Pour les États-Unis, cette ascension du prix du pétrole pourrait avoir des conséquences importantes sur l'inflation, déjà un sujet de préoccupation majeur, surtout à l'approche des élections présidentielles et dans un contexte où les réserves stratégiques sont au plus bas depuis 1983.