Un "shutdown" est une fermeture du gouvernement fédéral qui se produit lorsque le Congrès et le président ne parviennent pas à adopter les lois de financement nécessaires à son fonctionnement.
Bien que le Congrès ait récemment adopté une législation de compromis pour éviter un shutdown immédiat, la mesure est temporaire et n'assure le financement que jusqu'au 17 novembre 2023.
Ce type d'incertitude politique a des répercussions non seulement pour les fonctionnaires fédéraux, mais aussi pour les marchés financiers.
Les marchés, déjà perturbés par des préoccupations sur les taux d'intérêt et la politique monétaire de la Réserve fédérale, ont trouvé un certain répit au travers de cet accord temporaire de shutdown.
Toutefois, ce répit est de courte durée : les taux d'intérêt et la politique de la Fed demeurent toujours comme les facteurs clés du moment, d'ailleurs, la volatilité du marché à court terme pourrait augmenter si les négociations futures sur le financement gouvernemental échouent.
En l'absence de données économiques fiables pendant un shutdown, les marchés sont également susceptibles de réagir de manière disproportionnée aux indicateurs économiques du secteur privé, de ce fait nous aurons un oeil avisé sur toutes les publications d'indicateurs économiques du secteur privé.
Joe Weisenthal et Michael McDonough ont compilés sur Bloomberg l'ensemble des données économiques du secteur privé à suivre en cas de shutdown :
L'ironie de cette situation est que certains des législateurs qui appellent à un shutdown possèdent des électeurs qui seraient directement touchés par une telle action, la plupart des secteurs touchés sont les secteurs les plus dépendants du gouvernement : défense, santé ainsi que par exemple le secteur des utilities (entreprises du domaine public).
Ce sujet ajoute une couche de volatilité et d'incertitude qui peut se répercuter sur les marchés financiers. De plus, bien que Fitch Ratings ait déclaré qu'un autre shutdown n'affecterait pas la cote de crédit des États-Unis, l'incertitude politique a déjà contribué à une récente vente massive d'obligations ce qui peut réduire les impacts sur le secteur obligataire.
L'impact sur la confiance des consommateurs et des entreprises pourrait également avoir des répercussions économiques à long terme, affectant potentiellement la croissance du PIB. Goldman Sachs estime d'ailleurs qu'un shutdown prolongé pourrait réduire la croissance du PIB des États-Unis de 0,2 point de pourcentage par semaine, cela a des implications directes sur les prévisions des entreprises et, par conséquent, sur les valorisations des actions.
Les données historiques suggèrent que chaque semaine de shutdown pourrait coûter environ 6 milliards de dollars à l'économie américaine.
Le phénomène perturbe souvent les marchés financiers en introduisant une volatilité accrue, notamment dans les secteurs dépendant fortement du financement fédéral comme la défense, la santé et l'infrastructure. Historiquement, les shutdowns ont aussi induit des mouvements imprévisibles dans les indices de volatilité tels que le VIX, et ont mis sous pression les bons du Trésor américain.
Dans cette atmosphère d'incertitude, les risques associés à un shutdown gouvernemental viennent s'ajouter à une liste déjà longue de préoccupations, notamment les taux d'intérêt élevés, l'inflation, les valorisations élevées des actions par rapport aux obligations ainsi que les mouvements de taux qui affectent le marché obligataire (censé être refuge).
Bien que le risque d'impact durable soit considéré comme relativement faible, il n'est pas inexistant, les investisseurs actifs doivent donc rester vigilants.
Dans un environnement aussi instable, diversifier son portefeuille peut être une stratégie judicieuse. Les investisseurs pourraient envisager des positionnements dans des actions moins corrélés avec les marchés boursiers (recherche de BETA faible).
Il peut également être opportun de réévaluer les expositions aux secteurs qui sont fortement dépendants du financement gouvernemental, comme la défense, la santé, le secteur des utilities du moins sur un horizon court terme, car un décote de ces secteurs semblent bel et bien avérée.
En effet, depuis le début de l'année le secteur de la santé abandonne -4,66% et le secteur des utilities -17,55%, un sell-off important s'est vu observé juste avant l'accord temporaire de shutdown.
Par conséquent, une bonne partie de la baisse semble déjà pricé, sur le XLU nous revenons sur les niveaux de 2020 et le secteur accuse déjà une baisse de -30% depuis ses plus hauts historiques.
L'achat de produits dérivés pour couvrir les risques ou l'ajustement de la durée du portefeuille d'obligations sont d'autres options à considérer.
En somme, le risque d'un shutdown gouvernemental, bien que momentanément écarté, reste une préoccupation sérieuse pour les marchés financiers et les investisseurs.
Dans un climat déjà marqué par l'incertitude, les développements politiques futurs pourraient être le catalyseur de mouvements de marché imprévus. Il est donc impératif pour les investisseurs de rester informés et prêts à agir.